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La France, le Maroc et le Mali confrontés à une crise protéiforme : la malédiction algérienne

Par Nabil D. – Le Maroc, le Mali et la France sont actuellement plongés dans de profondes crises de gouvernance dont les répercussions sociales et politiques sont avivées par leurs relations tendues avec l’Algérie. Ces tensions, qui prennent des formes variées, sont aujourd’hui au cœur des dynamiques géopolitiques du Maghreb et du Sahel, et influencent fortement la stabilité interne de ces pays.

Au Maroc, la crise sociale s’intensifie dans plusieurs régions, notamment à l’est, à proximité des frontières algériennes. La fermeture stricte de la frontière par Alger, en vigueur depuis 2021 et renforcée récemment en réponse à des provocations du gouvernement marocain, a mis fin à un flux commercial informel dont dépendaient de nombreuses populations locales. Cette rupture économique a contribué à une dégradation rapide des conditions de vie, provoquant émeutes et contestations sociales qui soulignent le malaise grandissant face à l’absence d’une politique économique et sociale adaptée aux besoins des zones frontalières marocaines, abandonnées par le pouvoir central de Rabat.

Au Mali, la situation est tout aussi critique. Depuis l’adoption d’une posture résolument hostile envers l’Algérie par la junte militaire en place, les relations diplomatiques et commerciales sont rompues, ce qui a conduit Alger à suspendre l’approvisionnement en carburant du pays via ses routes terrestres. Ce blocus a engendré une pénurie grave de carburant, paralysant les transports et affectant tous les secteurs économiques. Cette crise énergétique s’ajoute aux nombreuses difficultés auxquelles le Mali est confronté, attisant la colère populaire contre le régime d’Assimi Goïta et alimentant les manifestations réclamant un retour à une gouvernance civile.

En France, la reconnaissance, en décembre 2023, par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, illégalement occupé, a déclenché une vive réaction en Algérie, qui a réduit considérablement sa coopération diplomatique et sécuritaire avec la France. Cet alignement irréfléchi sur le Makhzen, qui a fortement dégradé les relations bilatérales entre Alger et Paris, intervient alors que la France fait face à une crise sociale et politique interne majeure, avec des manifestations répétées et un climat de défiance généralisé. Bien qu’aucun lien officiel ne puisse être établi entre cette crise intérieure et ces tensions diplomatiques, des observateurs ironisent, pour les trois cas, sur ce qu’ils qualifient de «malédiction algérienne».

Ces dynamiques illustrent, en tout cas, à quel point l’Algérie joue un rôle pivot dans la stabilité régionale, par son influence diplomatique, économique et sécuritaire. Les décisions prises par Alger, notamment la fermeture des frontières et la suspension des échanges, ont un impact direct sur les équilibres internes des pays concernés. Elles intensifient des crises sociales déjà présentes et fragilisent des régimes politiques contestés.

«La résolution de ces crises dépendra largement de la capacité du Maroc, du Mali et de la France à rétablir un dialogue constructif avec l’Algérie et à réévaluer leurs stratégies respectives», indiquent des sources proches du dossier à Algeriepatriotique. «Dans un contexte marqué par des enjeux sécuritaires complexes au Sahel, des revendications sociales importantes et une instabilité politique croissante, la coopération régionale apparaît comme une nécessité impérieuse pour éviter l’aggravation des tensions», soulignent ces sources.

N. D.