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Sketch royal

Par A. Boumezrag – Le Sahara Occidental continue d’être ce territoire où le sérieux se prend toujours un coup de rire, mais personne ne semble trouver la blague drôle, sauf le Makhzen qui, fidèle à son rôle de metteur en scène, affirme aux rares qui veulent l’entendre que le Sahara Occidental est une province marocaine à part entière. Les alliés arabes et occidentaux, eux, applaudissent en coulisses, tout en engrangeant des privilèges économiques et politiques. Le scénario est simple : faire semblant de soutenir le royaume pour profiter des avantages, tout en se ménageant une sortie diplomatique élégante. Pendant ce temps, le Maroc, entre illusions et promesses, joue la carte de l’optimisme imaginaire, pendant que la pauvreté, le chômage et la fracture sociale explosent comme des feux d’artifice ratés.

Mais le Sahara n’est pas qu’un décor à l’écran. Il est le témoin silencieux de l’absurdité d’un système qui préfère les apparences aux réalités. La carte saoudienne, ce petit bout de papier, dit tout : derrière les discours fleuris et les communiqués officiels, les vrais alliés ne croient pas un instant à la marocanité du Sahara Occidental. Le royaume, quant à lui, continue de servir ses illusions comme un plat royal : bien présenté, mais vide de contenu.

Et comme si la scène n’était pas déjà assez comique, voilà que le territoire marocain se transforme en plateau de tournage pour colons étrangers. Des expatriés français, des riches émirs du Golfe et maintenant des Israéliens viennent profiter des failles du système marocain, dans une version réelle d’un «Airbnb diplomatique» où les loyers sont payés avec des privilèges et des avantages que le citoyen ordinaire ne verra jamais. Le royaume brade sa souveraineté, mais continue de sourire pour la caméra.

Le plan d’autonomie marocain, chanté sur tous les toits, ressemble de plus en plus à un sketch où personne ne rit, sauf les initiés. Les faux alliés applaudissent de loin, le roi fait mine de diriger la pièce, et le peuple regarde, médusé, les décors tomber autour de lui. La diplomatie devient un théâtre d’ombres, où les enjeux réels – pauvreté, chômage, inégalités – sont relégués aux coulisses.

Le royaume marocain, entre illusions et externalités, semble jouer sa propre tragédie comique : un plan d’autonomie qui n’est qu’un sketch, des alliés qui applaudissent à moitié, des colons qui s’installent, et un peuple qui assiste, médusé, à sa propre mise en scène. Le Sahara Occidental, loin d’être un simple décor, reste le juge silencieux de cette pièce où le sérieux se perd dans le rire, mais où les conséquences, elles, restent bien réelles.

A. B.