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Mercenaires à gages

Par Karim B. – Il y a dans certains recoins de notre malheureuse époque une espèce rare, mais bruyante. Celle des mercenaires à gages, ces aboyeurs professionnels qui troquent la dignité contre quelques dirhams bien froissés. Ils se parent du drapeau de l’«opposition», s’enivrent de fausses gloires médiatiques et se rêvent en soldats d’influence. Mais à y regarder de près, ce ne sont que les héritiers honteux de ceux qui, hier, dénonçaient les combattants de l’ALN pour une Gauloise sans filtre – la cigarette, pas la femme..

Ces pseudo-chroniqueurs et «influenceurs» de pacotille, nourris à la gamelle du Makhzen, croient jouer dans la cour des puissants. On les voit pérorer sur les plateaux et face smartphone, dégainer leur venin contre leur propre pays avec la fougue d’un traître convaincu que la trahison paie toujours. Mais voilà que le vent tourne. Donald Trump, le grand bienfaiteur de leur maître marocain, a soudainement retourné sa veste, laissant les calculs du Makhzen plus vides que les têtes de ses propagandistes. Et les voilà, ces mercenaires à la langue fourchue, qui s’emmêlent les pédales, qui ne savent plus quel slogan répéter ni à quelle main tendue se raccrocher, maintenant que le plan d’autonomie marocain a fini dans le broyeur de papier.

Hier encore, ils s’enorgueillissaient d’avoir vendu leur plume et leur voix contre un sac de dirhams. Aujourd’hui, ils geignent comme des chiens qu’on aurait privés d’os. L’histoire, pourtant, leur avait donné la leçon. Les traîtres finissent toujours au même endroit. Dans la poubelle de l’histoire. Dans l’ombre du mépris. Dans les bidonvilles de la honte, à la périphérie de Paris ou de Rabat.

Ces nouveaux harkis de la plume ne comprennent pas que trahir n’est pas une carrière. On peut louer son silence, jamais acheter le respect. Leurs discours creux, leurs analyses commandées, leurs indignations à géométrie variable ne trompent plus personne. Le peuple, lui, sait reconnaître les siens. Il sait aussi flairer la trahison comme on sent l’odeur rance de la lâcheté.

Il est tragique de voir ces hommes sans honneur invoquer la liberté d’expression pour mieux insulter leur propre nation, alors qu’ils sont prisonniers de leurs sponsors. Leurs mots ne leur appartiennent pas. Ils les récitent comme on lit un texte imposé, entre deux virements bancaires. La patrie, pour eux, n’est qu’un concept interchangeable, un produit à vendre au plus offrant.

Mais que ces mercenaires ne s’y trompent pas. Le peuple algérien, lui, a la mémoire longue. Il n’oublie ni les bouchkara(*) d’hier ni leurs descendants d’aujourd’hui. Il sait que la dignité ne s’achète pas, qu’elle se mérite, qu’elle se défend. Et quand viendra l’heure du jugement, celle qui ne se paie pas en devises étrangères, ces aboyeurs finiront, comme tous les traîtres, dans le silence, l’oubli et la dérision.

K. B.

(*) Mouchards durant la guerre de Libération nationale, dont la tête était couverte d’un sac en jute, appelé chkara en arabe dialectal.