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Amar Bendjama vise les Emirats arabes unis à l’ONU en dénonçant les exactions au Soudan

Par Kamel M. – La tension monte une nouvelle fois entre Alger et Abu Dhabi, sur fond de crise humanitaire au Soudan. Ce jeudi, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a prononcé une intervention particulièrement ferme devant le Conseil de sécurité, dénonçant les atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) dans plusieurs régions du Soudan. Sans citer de pays, le diplomate algérien a pointé du doigt ceux qui «alimentent la guerre au lieu de favoriser la paix». Une allusion à peine voilée aux Emirats arabes unis, accusés par de nombreux rapports internationaux de soutenir les milices de Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemetti.

L’allocution de Bendjama s’est tenue dans un contexte marqué par la détérioration dramatique de la situation humanitaire au Soudan, qui a conduit le Conseil de sécurité à reporter le vote d’un projet de résolution important relatif au dossier du Sahara Occidental. Selon plusieurs sources diplomatiques, la gravité des violences et l’urgence d’une réponse internationale ont contraint les membres du Conseil à revoir leur ordre du jour, illustrant la complexité des priorités sur la scène multilatérale.

«Le sang soudanais continue de couler dans l’indifférence, pendant que certains Etats préfèrent livrer des armes plutôt que de livrer de l’aide», a martelé Amar Bendjama. Ses propos ont trouvé un écho particulier, quelques jours seulement après les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune, qui affirmait que «tous les pays du Golfe sont des pays amis, à l’exception d’un seul». Une phrase qui, sans désigner personne, a été largement comprise comme visant le régime des Al-Nahyane, dirigé par le belliqueux Mohammed Ben Zayed.

Pour l’Algérie, cette prise de position s’inscrit dans une cohérence diplomatique, qui consiste à constamment dénoncer les politiques d’ingérence et les ambitions de puissance contraires à la stabilité régionale. Les autorités algériennes accusent ouvertement Abu Dhabi de jouer un rôle déstabilisateur en Afrique et au Moyen-Orient, notamment par ses interventions en Libye, au Yémen ou au Soudan, ainsi que par sa normalisation avec Israël, dont Ben Zayed est la marionnette.

L’attaque d’Amar Bendjama à l’ONU apparaît donc comme un message politique clair. L’Algérie entend défendre le principe de souveraineté des Etats et dénoncer toute instrumentalisation des crises africaines à des fins d’influence. A travers cette sortie, l’Algérie consolide sa posture traditionnelle de voix indépendante et solidaire des peuples en lutte, tout en marquant ses distances avec la diplomatie belliciste d’Abu Dhabi.

Le report du vote sur le Sahara Occidental, sur fond d’urgence soudanaise, illustre enfin combien les crises africaines s’entremêlent désormais au sein du Conseil de sécurité, où s’affrontent visions et intérêts divergents, y compris entre pays arabes.

K. M.