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Piège de l’autonomie tendu par la France : la mise en garde des Rifains aux Sahraouis

Par Mohamed K. – Dans une déclaration à la tonalité grave, les représentants du mouvement rifain ont exhorté le peuple sahraoui à ne pas céder au «chantage du plan d’autonomie» que veut leur imposer le régime de Rabat. Cette prise de position, à la fois historique et politique, s’inscrit dans la continuité d’une mémoire collective profondément marquée par la trahison coloniale et la répression monarchique. Les Rifains rappellent ainsi le piège que leur a tendu la France en 1926, lorsque le maréchal Lyautey décida d’annexer le Rif au sultanat de Marrakech, brisant par la force une expérience de souveraineté populaire étranglée depuis.

L’écrasement du Rif, mené dans le sang par le Makhzen demeure un traumatisme ouvert. De cette colonisation naquirent l’humiliation, l’exil forcé, la torture et les bagnes. Autant de plaies qui, affirment les militants rifains, n’ont jamais véritablement cicatrisé. Aujourd’hui encore, les héritiers de cette mémoire voient dans le sort réservé au Sahara Occidental une répétition tragique des injustices qu’ils ont eux-mêmes subies. Le Parti national du Rif a, dans ce contexte, exprimé son «soutien total» au peuple sahraoui, allant jusqu’à déclarer sa disponibilité à lutter à ses côtés contre le régime monarchique de Rabat, continuateur du système féodal instauré par la colonisation.

Cette solidarité dépasse le simple cadre politique et revêt une dimension historique et morale. Les Rifains, conscients d’avoir été jadis trahis par une puissance coloniale qui prétendait apporter la civilisation, voient dans les promesses d’autonomie offertes au Sahara Occidental un instrument de domination renouvelé. «Ce que la France fit au Rif en 1926, elle le reproduit aujourd’hui au Sahara Occidental par Makhzen interposé», affirment-ils, estimant que la manœuvre vise avant tout à légitimer une occupation dénoncée par la communauté internationale.

Sur la scène diplomatique, le régime marocain peine à transformer ses proclamations de victoire en réalité tangible. La prorogation du mandat de la Minurso, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental, est, en effet, un rappel clair du statut non résolu du territoire. Loin de constituer un triomphe diplomatique, cette décision confirme que la question sahraouie demeure inscrite dans le registre des affaires de décolonisation et que, juridiquement, le Maroc y est considéré comme une puissance occupante.

Face à cette lecture, le Makhzen a tenté de maquiller l’absence de progrès en célébration nationale. Le discours royal, prononcé à cette occasion, fut suivi de scènes de liesse factices savamment orchestrées. Des manifestations de joie, prétendument spontanées, ont été organisées à travers le pays par les services de sécurité, lesquels ont mobilisé pour l’occasion des ambulances toutes sirènes hurlantes afin de donner à l’événement un semblant de caractère populaire et festif.

Un simulacre indécent qui n’a pas manqué d’irriter une population marocaine confrontée à la crise sociale, et notamment à l’absence de soins et à la cherté de ces mêmes ambulances qu’ils doivent payer rubis sur l’ongle quand ils sont contraints d’être transportés en urgence à l’hôpital. «Le peuple paie cher pour un service qu’il ne reçoit pas, pendant que le régime détourne ces symboles de santé publique pour ses mises en scène politiques», dénoncent les Marocains écrasés par le plan de réajustement structurel imposé par le FMI en raison de la dette abyssale du pays : 130 milliards de dollars partis dans les porches des nababs du CAC 40 français.

Le cri lancé depuis le Rif vers le Sahara Occidental résonne comme un sérieux avertissement aussi bien au régime de Rabat qu’à ses parrains, en France et ailleurs.

M. K.