Par Houari A. – La Russie s’est abstenue lors du vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur la résolution, rédigée par les Etats-Unis, renouvelant le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), mais intégrant le plan d’autonomie marocain comme option lors des négociations entre les parties au conflit .
Dans une déclaration expliquant son vote, l’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a justifié cette abstention par le caractère «déséquilibré» du texte américain soumis au Conseil. Selon le diplomate, le document reflète davantage les priorités nationales des Etats-Unis que la recherche d’un consensus international. «Nous avons été surpris par l’approche des rédacteurs, qui ont décidé d’utiliser le Conseil de sécurité pour faire avancer leur agenda national», a-t-il déclaré.
La Russie estime que cette méthode va à l’encontre de la pratique établie du Conseil, qui impose au pays rédacteur de la résolution de rechercher un compromis et de tenir compte des positions de l’ensemble des membres. Le représentant russe a également critiqué l’attitude de Washington, accusant ses diplomates d’avoir, pour la deuxième année consécutive, évité toute discussion approfondie du texte avec les autres membres du Conseil.
«Le groupe des amis du Sahara Occidental n’a plus de raison d’être», a poursuivi Nebenzia, affirmant que, compte tenu des positions révisées de plusieurs de ses membres, ce groupe est devenu «une plateforme de monologue collectif». Selon lui, la situation a conduit une délégation à demander que le projet soit examiné en séance plénière, révélant ainsi «de graves lacunes» dans la conduite du dossier par les Etats-Unis.
Le diplomate a reconnu qu’un «effort de compromis» avait été tenté «à la onzième heure», ce qui a permis d’éviter un rejet pur et simple de la résolution. Mais il a néanmoins dénoncé un recul par rapport aux principes directeurs de l’ONU concernant le règlement de la question du Sahara Occidental. «Ces fondements n’ont pas disparu et ne peuvent être révisés», a-t-il insisté.
Moscou explique qu’il n’a pas opposé son veto afin de «donner une chance supplémentaire au processus de paix». Toutefois, la Russie met en garde contre les conséquences possibles de ce qu’elle qualifie d’«approche de cow-boy» de la part de ses homologues américains, qui pourrait, selon la Russie, «raviver un conflit qui couve depuis plusieurs décennies».
La Russie exprime enfin son soutien au travail de Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, l’exhortant à redoubler d’efforts pour encourager les parties à parvenir à une solution «mutuellement acceptable».
Une telle solution, a rappelé Vassili Nebenzia, doit permettre au peuple du Sahara Occidental d’exercer librement son droit inaliénable à l’autodétermination, conformément à la Charte des Nations unies et aux résolutions précédentes du Conseil de sécurité. «Il ne peut y avoir d’alternative à ce scénario», a conclu l’ambassadeur russe.
H. A.



