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Berlin dépose le colis Sansal à l’ambassade de France en attendant d’être expédié à Paris

Par Karim B. – Boualem Sansal a été remis à l’ambassade de France en Allemagne, première étape avant son retour sur le territoire français, a révélé le ministre français des Affaires étrangères. Un transfert discret, mais dont les implications diplomatiques demeurent bien visibles. En effet, derrière ce dossier se cache une question que Paris ne peut plus esquiver : les autorités françaises respecteront-elles les conditions posées par l’Algérie avant la libération de l’agent franco-maroco-israélien ?

L’enjeu dépasse largement le cas personnel de ce méprisable individu, dont les convictions nauséabondes n’appellent ni empathie ni indulgence. Ce qui se joue désormais est la crédibilité diplomatique de la France, entachée par une gestion improvisée de ce dossier et d’autres.

Un signe laisse penser que Paris tente de se ressaisir. Jean-Noël Barrot a insisté, dans un entretien explicite à des médias français, ce lundi, sur la nécessité de renouer un dialogue fondé sur le respect de la souveraineté de l’Algérie. Une formulation qui ne doit rien au hasard, puisqu’elle rectifie de manière ferme les errements de ces derniers mois.

Dans la même veine, le ton sévère adopté à l’égard de l’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, marque une volonté de reprise en main. Le gouvernement français entend visiblement mettre fin aux surenchères verbales qui compliquent inutilement ses relations avec l’Algérie. Un virage d’autant plus notable qu’il survient alors que la France tente de restaurer la confiance d’un partenaire qui n’a pas manqué de rappeler ses exigences et de faire montre de sang-froid face à l’attitude hostile du régime de Macron.

L’affaire Sansal aura servi de piqûre de rappel. Les règles diplomatiques ne peuvent être foulées aux pieds sans conséquences. Et c’est peut-être là la seule note positive d’un épisode où la raison semble, enfin, reprendre ses droits.

Cette séquence rappelle, en tout cas, que tout écart vis-à-vis de l’Algérie se paie toujours. Le moindre flottement, la moindre approximation dans la conduite de la politique algérienne de la France fragilise durablement l’image d’un Etat qui prétend encore jouer un rôle central sur la scène internationale. Or, la France sait qu’elle ne peut plus s’offrir le luxe de ces désordres stratégiques, surtout à l’égard de l’intransigeante Algérie. Chaque geste maladroit, chaque parole mal calibrée trouve désormais un écho immédiat chez ce partenaire incontournable, de l’aveu même des plus hauts responsables à Paris.

L’affaire Sansal agit, dès lors, comme un révélateur implacable, rappelant à la France officielle que la confiance se gagne par la cohérence et le respect scrupuleux des règles diplomatiques, non par les improvisations successives contreproductives et le brouhaha des plateaux de télévision infestés par les hâbleurs Driencourt, Ciotti, Bardella, Bruckner, Lenoir et toute l’écurie de l’extrême-droite.

K. B.