Urgent |

Fidèle à son père nazi : Pascal Bruckner déporte sa haine des sémites sur les Arabo-musulmans

Une contribution d’Arezki Belkacimi – Pascal Bruckner, fils d’un admirateur du nazisme et zélateur de la collaboration sous le régime Vichy, ne s’est pas converti au philosémitisme, l’amour du judaïsme, mais au sionisme, considéré par de nombreux auteurs critiques comme un avatar du nazisme. Il ne cultive pas la sympathie fraternelle envers les juifs, mais exprime une proximité idéologique avec des courants de colons sionistes dont les pratiques sont qualifiées de génocidaires par de nombreuses organisations internationales lorsqu’il s’agit des Palestiniens.

En fait, au plus profond de lui-même, Pascal Bruckner, ce «bon fils à papa», est demeuré fidèle à son tortionnaire père, antisémite notoire. Mais si son père cultivait une franche haine des sémites israélites, Pascal Bruckner, lui, semble nourrir, à travers ses écrits, une hostilité marquée envers les sémites arabo-musulmans, déguisée sous le couvert de la détestation de l’islamisme. Or, en France, l’aversion de l’islamisme est le cache sexe de l’exécration de l’islam, de la haine des musulmans.

Ainsi, du fait de la pénalisation de l’antisémitisme traditionnel (haine des juifs) instauré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Pascal Bruckner aurait déplacé sa haine héréditaire des sémites vers les Arabo-musulmans, les «peuples orientaux et maghrébins circoncis».

Depuis sa jeunesse, Pascal Bruckner s’est fait le soutien du néo-libéralisme, des idées conservatrices, de l’impérialisme (au sens où il a soutenu plusieurs interventions occidentales selon ses critiques), et évidemment du sionisme.

Sur la question de la guerre entre colonialistes israéliens et combattants indépendantistes palestiniens, Pascal Bruckner a toujours appréhendé ce conflit comme l’une des composantes de la guerre de civilisation entre l’Occident et le monde musulman. Pour lui, nous n’avons pas affaire à un conflit territorial, mais à «une bataille idéologique entre la mentalité de l’Occident libre et l’idéologie de la barbarie islamique». De là s’explique son soutien inconditionnel d’Israël, «Etat juif» que de nombreux chercheurs, ONG et observateurs qualifient de colonial et accusent d’entretenir un système discriminatoire basé sur la religion et l’ethnie.

En soutenant l’Etat nazi d’Israël, il ne fait que perpétuer l’idéologie de son père, René, antisémite convaincu et admirateur de l’Allemagne nazie. Si convaincu qu’il devance l’appel du STO (service du travail obligatoire) pour participer à l’effort de guerre allemand en travaillant pour les usines Siemens, à Berlin, puis à Vienne, entre 1942 et 1945.

Dans une interview, Pascal Bruckner a reproché à son père, ce nostalgique de Pétain, engagé dans le nazisme, de ne pas avoir été à la hauteur de ses convictions hitlériennes génocidaires. D’avoir été un «nazi d’opérette». Autrement dit : pas un authentique nazi opérationnel. En effet, il a déclaré qu’il aurait préféré voir son père être un vrai tortionnaire plutôt qu’un sous-fifre. «Quitte à avoir un père dans le camp des méchants, autant qu’il le soit jusqu’au bout», a-t-il précisé. Une déclaration qui interroge sur la portée exacte de ses propos.

«Un bon fils, je l’ai été jusqu’au bout, je n’ai pas abandonné mon père en dépit de tout le contentieux qui nous sépare». En effet, Pascal Bruckner est resté fidèle à son père. Un père qui n’a jamais fait mystère de ses convictions idéologiques nazies et de sa nostalgie hitlérienne, tout au long de sa vie.

Dans cette même interview, pour justifier le maintien de ses relations avec ce père malgré son passé nazi et ces convictions racistes, Pascal Bruckner a déclaré : «Malgré tout, il y a des liens qui résistent aux idées politiques». A son propos, il faut plutôt dire : il y a des idées héritées qui résistent et s’imprègnent malgré une parenté toxique. Conserver des liens avec son père dépositaire d’une tradition européenne suprémaciste aura permis à Pascal Bruckner de vivre quotidiennement dans l’atmosphère culturelle et idéologique de l’Allemagne hitlérienne.

Pascal Bruckner a conservé intactes les nauséabondes idées politiques racistes héritées de son père. Mais, changement d’époque oblige, il les a transposées sur les sémites arabo-musulmans. Certes il ne se réclame pas ouvertement de l’extrême-droite, mais sa rhétorique réactionnaire alimente tout de même l’idéologie raciste actuelle. D’autant plus qu’il bénéficie d’un accès très facile aux médias.

A l’instar de son père qui s’est investi dans le nazisme, le «bon fils» Pascal a trouvé dans le sionisme, avatar du nazisme, une idéologie suprémaciste correspondant à sa personnalité réactionnaire façonnée par son géniteur nazi. Par son adhésion au nazisme, René Bruckner s’était identifié aux bourreaux hitlériens, et le «bon fils» Pascal, par son ralliement au sionisme, honore son tortionnaire père. Une fidélité à son horrible et funeste père qu’il illustre par sa passion pour les films d’horreur.

Preuve s’il en est que ce passionné des films à la tronçonneuse et d’hémoglobine ne recèle aucune sagesse, malgré ses prétentions philosophiques académiques.

René exécrait les sémites israélites, Pascal, réactionnaire notoire et fervent adepte de la rhétorique droitière, abomine les sémites arabo-musulmans. Il réserve, par ailleurs, une animosité particulière à ce qu’il appelle les islamo-gauchistes. Autrement dit les communistes et les musulmans militants.

«La seule bêtise qui me met hors de moi, c’est la bêtise de gauche. La fascination de toute une partie de l’extrême-gauche pour l’islamisme, l’islamo-gauchisme, c’est un truc absolument dingue». Je me demande comment des trotskistes, des Mao, des ultra-progressistes peuvent justifier le voile.»

Dans tous ses livres, il fustige les communautés ethniques et religieuses qui, selon lui, se vautreraient dans la victimisation. «La mentalité victimaire est une perversion et non un progrès de civilisation», dénonce-t-il. Il condamne «l’élévation de la souffrance au rang de passeport moral, et la tentation d’en faire une identité permanente». Or, dans ses analyses, il applique rarement cette critique aux institutions juives qui, pourtant, instrumentalisent la mémoire de la souffrance. De même que Pascal Bruckner s’abstient de critiquer et de condamner ces envahissantes institutions juives communautaristes revendicatives et vindicatives.

En revanche, en ce qui concerne les Algériens, il ne manque jamais une occasion pour dénoncer leur «instrumentalisation nationaliste de la guerre d’indépendance et de la politique mémorielle». Sur la question de la colonisation de l’Algérie par la France, Pascal Bruckner a vertement critiqué Emmanuel Macron pour avoir déclaré que la France avait commis un «crime contre l’humanité» en Algérie. La vision de Macron est, selon lui, erronée : «L’expression crime contre l’humanité fait référence à la Seconde Guerre mondiale. Macron veut faire avec l’Algérie ce que Jacques Chirac a fait pour la rafle du Vel’ d’Hiv. La comparaison est inopérante. Il n’y a pas eu de génocide en Algérie.» «La junte algérienne veut tirer des rentes mémorielles sans fin sur la France, elle nous insulte et nous courbons l’échine. A ce stade de détérioration de nos relations, une rupture nette et franche me paraît la moins mauvaise solution. Nous n’avons pas besoin de l’Algérie. Bon vent !», a-t-il asséné.

De manière générale, Pascal Bruckner pourfend l’antiracisme politique promu par les minorités originaires du Maghreb et de l’Afrique, car c’est un ardent défenseur de l’exceptionnalisme occidental et de l’universalisme étroit à la française, incarné par le laïcisme inquisitorial et prosélyte. De même, il fustige le «sentimentalisme» de la gauche occidentale pour les luttes antiracistes et tiers-mondistes. Ce sentimentalisme qui précipite, selon Bruckner, «l’homme blanc» vers la «haine de soi» (c’est-à-dire de l’Aryen) et l’auto-culpabilisation (de l’Occident). Ces sanglots indignes qui entraînent les Blancs à verser dans la repentance. Tous ces essais ressassent inlassablement le leitmotiv d’une vision idéologique axée autour de la thématique de la défense de l’Occident et de la régénération du Blanc.

Globalement, trois idées force dominent la pensée du réactionnaire Pascal Bruckner. La première est que, pour lui, par une inversion dialectique cultivée par les théoriciens de la fachosphère, les vrais racistes (fascistes, colonialistes) sont les antiracistes (antifascistes, anticolonialistes), c’est-à-dire les gens du Sud (Maghrébins et Africains). La deuxième idée postule que si l’Occident est si honni, c’est parce qu’il demeure l’unique «continent» intellectuellement brillant et politiquement démocratique, c’est-à-dire moralement fiable et viable. La troisième idée de Bruckner est que la vraie victime des transformations accélérées contemporaines est l’homme blanc, et non pas les minorités porteuses de cultures archaïques envahissantes, notamment les populations musulmanes.

Ainsi, avec ce «paradigme européocentrique», Pascal Bruckner érige les vraies victimes du Sud en bourreaux (les anciens peuples colonisés), et les coupables occidentaux (sionistes) en martyrs. Selon ces mêmes critiques, Bruckner s’inscrit dans une logique qui minimise ou relativise des réalités coloniales et impérialistes unanimement documentées. Pour preuve. Alors que les Palestiniens sont victimes d’un effroyable génocide, Pascal Bruckner a affirmé que les «Gazaouis sont, en vrai, les nouveaux habitants d’un Auschwitz imaginaire». Pire, comme l’abominable propagande sioniste le répand depuis octobre 2023, «les Gazaouis sont tous coupables de terrorisme car affiliés au Hamas».

On hérite parfois des qualités comme des défauts de ses parents. Dans cette perspective, Pascal Bruckner aura surtout reproduit des schémas idéologiques problématiques associés au passé de son père, notamment en ce qui concerne une vision hiérarchisée des groupes humains.

La manière dont René Bruckner exprimait une hostilité obsessionnelle envers certains «sémites» a profondément marqué l’enfance de son fils. Pascal Bruckner n’a jamais réellement rompu, ni sur le plan symbolique ni sur le plan idéologique, avec cet héritage familial lourd, ce qui les conduit à dresser un parallèle entre ce conditionnement et ses positions publiques ultérieures.

Grandir auprès d’un père décrit comme autoritaire, castrateur et fasciné par l’idéologie hitlérienne a privé Pascal Bruckner d’un environnement affectif équilibré, structuré autour de valeurs humanistes. Il est imprégné dès l’enfance d’un rapport conflictuel aux «sémites» israélites, puis, à l’âge adulte, a redéployé ce schéma hostile vers les arabo-musulmans à travers un mécanisme psychologique de transfert.

Un constat ironique s’impose parfois : lorsqu’on a été élevé par un «bon Aryen», il ne faut pas s’étonner de devenir un «bon à rien»… pour l’humanité.

On hérite des qualités et des défauts de ses parents. Comme le père de Pascal Bruckner n’avait aucune qualité humaine, ce dernier a hérité que les défauts de son père nazi, notamment son idéologie suprémaciste et raciste.

La haine hystérique du sémite nourrie par René Bruckner aura façonné l’enfance et l’existence de Pascal Bruckner. Et Pascal n’aura été «bon fils» que parce qu’il n’a jamais rompu filialement et idéologiquement avec son père.

Pour avoir été élevé par un odieux père castrateur, un tyran domestique admirateur du dictateur Hitler, Pascal Bruckner a été amputé de toute son humanité, privé de toute éducation d’amour du prochain. Sa vie durant il s’est imprégné de la haine des sémites, d’abord des Israélites par l’éducation de son père, durant sa prime enfance, puis des Arabo-musulmans par le mécanisme psychologique de transfert, depuis son âge adulte.

A. B.