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Le Front Polisario contraint les Etats-Unis au statu quo dans le Maghreb

Une contribution de Kouidri Saadeddine – C’est grâce à la Révolution bolchevique dirigée par Lénine que le monde entame la bipolarité politique. Cette première victoire du Parti communiste remonte au 25 octobre 1917, fêtée en Russie à cause du changement du calendrier le 7 novembre, à 108 ans. Elle est la première alternative au système capitaliste. La Révolution que nous fêtons le 1er Novembre est sa sœur, qui aujourd’hui n’a que 71 ans. Elle a libéré l’Algérien du colonialisme de peuplement au bout de 132 ans d’indigénat et de génocides de tribus, de communautés et de familles. Les victoires de la Chine, du Vietnam, de l’Algérie et de la majorité des pays africains sur le colonialisme s’ouvrent avec le Mouvement des non-alignés sur le tiers-monde. Malheureusement, le Mouvement de libération s’est essoufflé face à la France coloniale adossée au sionisme, avant de pouvoir libérer la Palestine, le Sahara Occidental et les 17 terres autonomes.

Dans sa résolution du 14 décembre 1946, l’Assemblée générale a dressé la liste de 72 territoires qualifiés d’autonomes, dont il reste 17 à ce jour. Parmi eux, on retrouve le Sahara Occidental, administré par l’Espagne jusqu’en février 1976, les Îles Vierges et Guam aux Etats-Unis, ainsi que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Il est à noter que Gibraltar est sur la liste, mais que Ceuta et Melilla n’y figurent pas.

Le Polisario, créé en Mauritanie le 29 avril 1973, déclenche la lutte armée contre l’occupation espagnole le 20 mai 1973. En novembre 1975, Hassan II organise la «marche verte» pour occuper le Sahara Occidental. La lutte du Polisario le contraint, en septembre 1984, à abdiquer en s’engageant en faveur du référendum d’autodétermination. Cette victoire, au lieu de mobiliser davantage les dirigeants sahraouis, les a poussés à commettre l’erreur fatale d’accepter le cessez-le-feu avec le roi, obtenant seulement l’approbation du Conseil de sécurité pour la mise en place de la Minurso. Depuis, la tâche des colons et de leurs maîtres est de chercher comment effacer cet acquis, et le fait d’introduire une autre option que celle de la Minurso dans la dernière résolution est perçu comme une victoire des ennemis de l’indépendance du Sahara Occidental.

Trump veut régner, y compris sur la justice, pour tout se permettre, et pour y parvenir, il n’y a pas meilleur chemin que le chaos. L’impérialisme accompagne toujours les colonisateurs dans leurs œuvres macabres. Pour ses alliés en difficulté, la Maison-Blanche transforme la négociation en champ de bataille afin de prendre le temps de changer les règles universelles ou les clauses des contrats qui ne lui permettent pas de gagner. Vaincue, elle adopte la règle du tricheur – «nalâab wella n’khassar» (je participe au jeu sinon je sabote) – pour diriger son adversaire vers le chaos et faire de sa région un chantier de dépossession des richesses que les pouvoirs locaux sont incapables de préserver. Ce chaos implanté accule le Polisario à considérer le plan d’autonomie marocain, à la condition qu’il soit validé par le peuple sahraoui. Le mandat de la Minurso étant prolongé jusqu’en octobre 2026, cette légère victoire ne doit pas se figer dans les désidératas royaux de l’autonomie, ce que regrette le représentant de l’Algérie à l’ONU.

Il faut rappeler que le Sahara Occidental a été inscrit en 1963, à la demande du Maroc, sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU, alors qu’il était encore une colonie espagnole. La décolonisation passe obligatoirement par un référendum d’autodétermination adossé à un rapport de force favorable. Malheureusement, le Polisario avait signé un cessez-le-feu avec l’armée royale en septembre 1991, commettant la même erreur que l’OLP qui avait négocié la paix au mauvais moment. Cela prouve qu’ils connaissent mal l’histoire du FLN pendant la Révolution. Dans tous les conflits, les Etats-Unis se moquent des institutions internationales et des lois universelles, alors que la Russie, la Chine et d’autres pays les respectent pour consolider un monde civilisé, où l’Homme obéit aux lois universelles et non aux individus.

Malgré ces revers, le Polisario mène la lutte pour la libération du Sahara Occidental depuis sa création en 1973. Cela montre que le colonialisme refuse de perdre et cherche à avancer sur les traces de l’esclavagisme, encore non effacées, renforcé par l’intelligence artificielle aux mains de féodaux incultes et de bourgeois plus riches que des nations. Ils n’ont pas bombardé Gaza uniquement pour tuer des Palestiniens, mais pour montrer ce qui attend les peuples qui ne se soumettent pas à leurs désidératas. Dans le même temps, Trump annonce la reprise des essais nucléaires. L’Algérie, quant à elle, n’a vaincu le colonialisme qu’au prix d’un million et demi de morts, de décennies de résistance et d’une guerre de plus de 7 ans face à l’armée française dirigée par Charles de Gaulle, stratège de la Seconde Guerre mondiale.

Ce général a sauvé son pays du nazisme avec l’aide de nos enfants et de l’Armée rouge à l’époque de Staline, appliquant cette stratégie chez nous avec une violence extrême. Les néo-colonisés hésitent encore à le qualifier de génocidaire, comme si Papon, Aussaresses et d’autres généraux tortionnaires n’étaient pas ses subordonnés. Beaucoup de bourgeois et d’intellectuels modernes se contentent de célébrer la guerre de Libération à l’ONU, voire de produire des films sur les héros sans croire réellement à la résistance des peuples. Un conférencier a même déclaré récemment que l’Emir Abdelkader avait peut-être perdu la bataille physique contre le colonialisme, sans préciser de quel colonialisme il s’agissait, commettant ainsi une erreur.

Contrairement à d’autres puissances coloniales, la France avait l’intention d’occuper toute la terre algérienne, mais la résistance des Algériens a révélé ses limites. La guerre pratiquée par l’envahisseur constituait un génocide, que la Résistance a vaincu. L’Emir Abdelkader a donc triomphé du génocide du colonialisme de peuplement ; son départ n’était pas une défaite mais la conséquence d’un rapport de force défavorable, tout en préservant l’acquis principal : la poursuite de la résistance.

Aujourd’hui, les pays devenus indépendants sont plus nombreux que ceux qui restent encore sous le joug des rois et des colons.

K. S.