De Paris, Saliha Fayez – Le Collectif d’associations de la communauté sahraouie en France a adressé une lettre ouverte à l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris pour exprimer son «rejet ferme» du projet de résolution américain récemment diffusé sur le Sahara Occidental. Ce texte, selon les fuites relayées par plusieurs sources diplomatiques, entérinerait l’autonomie du territoire sous souveraineté marocaine, une orientation contraire au droit international par les représentants sahraouis.
Dans leur message adressé à l’ambassadeur des Etats-Unis, les Sahraouis dénoncent une initiative qui «contredit les principes fondateurs de l’ONU», lesquels définissent le Sahara Occidental comme une question de décolonisation relevant du droit à l’autodétermination.
La lettre rappelle que le peuple sahraoui mène, depuis près d’un demi-siècle, une lutte légitime contre l’occupation marocaine illégale. S’appuyant sur les résolutions des Nations unies et la mission de la Minurso, la communauté sahraouie souligne que la finalité du processus onusien reste la tenue d’un référendum libre et impartial, permettant au peuple sahraoui de choisir entre indépendance et rattachement au Maroc.
Les Sahraouis évoquent également un parallèle historique : «Les colons américains eux-mêmes ont combattu la domination britannique pour conquérir leur indépendance», rappellent-ils, estimant que le principe de l’autodétermination «ne saurait être sélectif». Ce rappel, précisent-ils, vise à souligner la cohérence morale et historique que devraient incarner les Etats-Unis, pays fondé sur la liberté et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Tout en réaffirmant leur attachement à «la paix, la raison et le dialogue», les représentants sahraouis appellent la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité des Nations unies, à «assumer ses responsabilités juridiques et morales» en veillant au respect du droit international. Ils exhortent les Etats membres «attachés à la justice et à la légalité» à rejeter tout texte qui «sape le droit à l’autodétermination» ou qui «dénature la nature de décolonisation du conflit».
Le projet de résolution américain risquerait de «consolider le statu quo de l’occupation» et de «prolonger une situation d’injustice et d’instabilité régionale», avertissent les associations sahraouies, qui rappellent que «l’intransigeance marocaine et l’obstruction de certains membres du Conseil de sécurité» ont déjà retardé pendant des décennies la mise en œuvre d’une solution juste et conforme aux résolutions de l’ONU.
La communauté sahraouie affirme que, malgré six décennies de lutte et de sacrifices, sa détermination reste intacte. «Ni la pression ni la manipulation ne décourageront notre peuple dans sa quête de liberté et d’indépendance», peut-on lire dans le texte. Les Sahraouis réaffirment également leur soutien total au Front Polisario, reconnu par l’ONU comme le représentant légitime du peuple sahraoui, et leur disposition à «faire tous les sacrifices nécessaires» pour atteindre leurs objectifs nationaux.
Les représentants sahraouis appellent, par ailleurs, les Etats-Unis à jouer «un rôle constructif» dans la recherche d’une solution conforme au droit international. Ils formulent trois demandes précises à l’ambassade américaine. S’opposer à toute résolution qui préjugerait du résultat d’un référendum d’autodétermination supervisé par l’ONU. Plaider au sein du gouvernement américain pour le rétablissement du mandat originel de la Minurso, centré sur la tenue d’un référendum libre et impartial, sous l’égide conjointe de l’ONU et de l’Union africaine. Accepter une rencontre officielle avec les représentants de la communauté sahraouie en France afin d’échanger directement sur les implications du projet de résolution et sur les perspectives d’une paix durable.
En conclusion, la communauté sahraouie invite les autorités américaines à faire preuve de cohérence entre leurs valeurs fondatrices et leur politique étrangère. «Le peuple sahraoui ne demande rien d’autre que ce que les pères fondateurs des Etats-Unis ont revendiqué : le droit de décider librement de leur avenir», écrivent-ils.
S. F.
