Par Mohamed K. – L’annonce d’une lettre d’intention portant sur la vente potentielle de 100 avions Rafale à l’Ukraine provoque de vives réactions à Paris comme à l’étranger. Ce document préliminaire, présenté en grande pompe par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky dans la capitale française ce lundi, ne constitue pas un contrat ferme, mais il engage officiellement les deux parties vers un accord qui pourrait atteindre plusieurs milliards, compte tenu du prix unitaire du Rafale, généralement estimé entre 80 et 120 millions d’euros selon les configurations.
Au sein même de la classe politique française, cette initiative est perçue comme la confirmation d’une orientation militariste assumée. «Le gouvernement semble considérer que chaque mois supplémentaire de guerre ouvre de nouveaux débouchés pour notre industrie d’armement», dénonce une source française ayant requis l’anonymat. Sollicitée par Algeriepatriotique, notre source estime qu’«on ne vend pas 100 avions de combat à un pays en guerre sans envoyer un signal clair, à savoir que la priorité n’est pas la paix, mais la projection de puissance».
Depuis 2022, le président français répète que son objectif reste la défense du droit international et la protection d’un Etat agressé. Mais cette nouvelle étape nourrit les accusations, déjà anciennes, selon lesquelles Paris a sciemment privilégié un agenda militaire à la faveur de l’industrie de défense, au service de l’oligarchie qui l’a porté et maintenu au pouvoir contre vents et marées depuis 2017. «Il est difficile d’ignorer le timing, l’impasse diplomatique dure, mais les contrats d’armement se multiplient. On peut y voir une forme de cohérence pour ceux qui espèrent en tirer bénéfice», affirme notre source spécialisée dans les questions de défense.
Plusieurs anciens diplomates soupçonnent l’Elysée d’avoir sous-estimé, voire marginalisé sciemment les initiatives de médiation de 2022. «La France a laissé filer une opportunité historique lors des pourparlers d’Istanbul. Nous aurions pu pousser plus fort pour un cessez-le-feu supervisé. Mais Paris a fait le choix d’un soutien militaire prolongé», déplorent-ils.
Sur le plan industriel, notre source fait remarquer que jamais l’entreprise n’avait eu accès à un marché aussi massif et aussi urgent. «Il serait naïf de croire que ce contrat n’a aucun poids politique. Quand un Etat en ruines achète 100 avions, c’est une alliance stratégique autant qu’un achat militaire», explique-t-elle.
«Si l’accord se concrétise, il constituera un précédent européen lourd de conséquences», met en garde notre source, avant de poser une question une question essentielle, à laquelle le gouvernement français n’a pas encore répondu : «Cette stratégie, qui se veut réaliste, contribuera-t-elle à rapprocher la paix ou simplement à prolonger un conflit dont Paris est depuis le début un des acteurs essentiels ?»
M. K.



