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Politiciens et médias corrompus français ressuscitent Sansal : l’écran de fumée algérien

Par Karim B. – Il faut être d’une naïveté confondante ou d’une mauvaise foi abyssale pour ne pas voir derrière la nouvelle mobilisation autour de Boualem Sansal un stratagème éculé de la classe politico-médiatique française : détourner l’attention. L’écrivain franco-israélien, détenu en Algérie depuis le 16 novembre 2024 pour atteinte à l’intégrité territoriale, devient subitement une cause nationale. En réalité, une cause de convenance, un outil, un rideau derrière lequel on cache la décrépitude avancée d’un régime français à bout de souffle.

La France traverse une crise politique d’une intensité rarement atteinte sous la Ve République. Les institutions patinent, le peuple gronde, la démocratie, qu’on brandit comme un trophée occidental, n’est plus qu’une pièce de théâtre mal jouée, où les acteurs – politiciens usés, journalistes serviles, anciens ministres recyclés – gesticulent pour sauver leur peau, leurs privilèges, leurs sinécures.

Pendant que la maison France brûle, ces élites faisandées pointent le doigt ailleurs, hurlent à la liberté opprimée, mais toujours à l’extérieur. L’Algérie devient le punching-ball habituel, celui que l’on sort à chaque convulsion interne. Et voici donc Noëlle Lenoir – ancienne ministre, recyclée présidente de comité de soutien – qui s’indigne, intimant à l’Union européenne de «mettre la pression à l’Algérie».

Cette stratégie est vieille comme la Françafrique : créer un ennemi commode, désigner une cible extérieure, en appeler à une mission civilisatrice qui ne dit pas son nom. Le ton paternaliste, le regard condescendant, la posture de l’Occident éclairé face au reste du monde. Mais ce jeu ne prend plus. La France de 2025 n’est plus celle des Trente Glorieuses, elle n’a plus les moyens de ses ambitions coloniales. Et surtout, les Français, les vrais, ceux qui bossent, qui galèrent, qui votent par dépit ou qui ne votent plus, n’en ont plus rien à faire.

Le vrai scandale n’est pas tant l’emprisonnement de Boualem Sansal, mais celui que les médias se gardent bien d’ébruiter, c’est que la République française, qui donne des leçons de démocratie à tout va, s’apprête à voir un de ses anciens présidents, Nicolas Sarkozy, dormir en prison. Ce mardi, le chef d’Etat des années bling-bling, celui des discours moralisateurs à l’ONU et de la destruction de la Libye et de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, passera sa première nuit derrière les barreaux de la Santé. Un président ripou, condamné, et qui n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Car derrière lui, d’autres têtes tombent. Rachida Dati, son élève, son héritière, attend son tour. Et après elle, qui encore ? Cette cascade de mises en examen, de condamnations, révèle ce que tout le monde sait mais que peu osent dire. La corruption en France est systémique, institutionnalisée, maquillée sous des termes polis : «conflits d’intérêts», «imprudence», «financement douteux».

Aussi «l’affaire» Sansal tombe-t-elle à pic. Elle permet aux Lenoir, aux éditorialistes parisiens, aux eurocrates bruxellois, de détourner les projecteurs. De parler d’Algérie au lieu de parler de la France qui coule à vue d’œil. De la «liberté d’expression bafouée» là-bas, plutôt que du naufrage de l’Etat ici. De l’arbitraire de la justice algérienne plutôt que de l’impunité des oligarques français.

Mais ce rideau de fumée ne trompe plus personne. L’indignation sélective, coloniale, à géométrie variable, a perdu son efficacité. Le temps des pantins est révolu. La France est nue, et son roi est en prison.

K. B.