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«Réconciliation» entre l’Algérie et le Maroc : l’annonce extravagante du conseiller de Trump

Par Mohamed K. – Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, a affirmé, ce lundi, dans un média américain que les Etats-Unis œuvreraient à une réconciliation imminente entre l’Algérie et le Maroc, une normalisation diplomatique qui, selon lui, pourrait survenir d’ici deux mois. L’annonce est décrite comme «prometteuse» pour une région marquée par des tensions historiques, mais ce discours par trop optimiste sonne davantage comme un coup de communication destiné à sonder Alger, qu’un véritable début de règlement d’une crise enracinée dans des réalités profondes et inchangées.

L’Algérie, soucieuse de préserver son intégrité territoriale et sa souveraineté, ne se laisse pas dicter sa politique par Washington. Les causes ayant poussé Alger à fermer ses frontières terrestres en 1994, puis à fermer son espace aérien et imposer un régime de visas strict aux Marocains, restent parfaitement valables. Ces mesures ne sont pas des décisions prises à la légère, mais bien des réponses à une menace sécuritaire et politique réelle.

Au lieu de s’arranger malgré l’indulgence de l’Algérie qui a laissé les habitants de l’est du Maroc survivre de la contrebande de carburant et de produits de première nécessité pour leur éviter la famine, le régime monarchique de Rabat, faisant preuve d’une arrogance mal placée, est devenu un partenaire de Tel-Aviv, donc une menace directe. Les accords militaires conclus entre le Makhzen et le régime génocidaire de Netanyahou permettent désormais à l’armée israélienne d’établir des bases sur le sol marocain, au plus proche des frontières algériennes. Cette proximité géostratégique crée une source d’inquiétude sérieuse pour la sécurité nationale.

Le Makhzen s’est vassalisé au profit de trois Etats hostiles à l’Algérie : la France, toujours hantée par son passé colonial, les Emirats arabes unis, acteurs clés des manœuvres régionales déstabilisatrices, et Israël, désormais armé de bases dans le voisinage immédiat. Dans ce contexte, toute tentative de réconciliation imposée ou manipulée par Washington est naïve, voire cynique.

L’annonce de Steve Witkoff ressemble davantage à un ballon d’essai lancé à Alger, visant à tester la réaction d’un pays qui refuse de sacrifier ses principes et sa sécurité sur l’autel des intérêts américains et occidentaux. Plutôt que de bâtir une paix sincère, les Etats-Unis semblent vouloir imposer une normalisation qui profiterait avant tout à leurs propres agendas stratégiques, au détriment de la stabilité réelle et durable dans la région.

Une réconciliation authentique entre l’Algérie et le Maroc ne peut être envisagée sans un changement profond des postures du côté marocain, qui doit cesser ses alliances controversées et cesser ses provocations dont il subit pourtant le retour de flamme sans jamais se raviser. Aussi toute autre démarche demeurera un simple exercice diplomatique déconnecté des enjeux réels, un spectacle politique destiné à masquer des tensions sous-jacentes plus explosives que jamais.

M. K.