Par Kamel M. – Le régime marocain, fidèle à une stratégie de diversion diplomatique désormais éculée, cherche à entraîner l’Algérie dans un face-à-face dont les véritables enjeux dépassent le cadre affiché du dialogue bilatéral. En prétendant vouloir «négocier directement» avec Alger sur la question du Sahara Occidental, tout en refusant obstinément de reconnaître le Front Polisario comme représentant légitime et unique du peuple sahraoui, Rabat tente de déplacer le centre de gravité du conflit pour mieux en travestir la nature.
Or, la position de l’Algérie demeure inchangée et limpide. Elle ne saurait être partie prenante d’un différend qui oppose exclusivement le royaume du Maroc à la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Cette position, le gouvernement algérien l’a réaffirmée à maintes reprises, notamment en refusant le principe de la table ronde multilatérale proposée par le Maroc il y a quelques années sous l’égide de l’ONU. Pour Alger, il ne saurait y avoir de solution viable en dehors du cadre onusien et de la reconnaissance du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
En réalité, la posture marocaine traduit moins une volonté sincère de dialogue qu’une inquiétude croissante face à l’inéluctable. Rabat sait que l’occupation du Sahara Occidental, en dépit de toutes les manœuvres diplomatiques et militaires, ne pourra durer éternellement. Les soutiens étrangers intéressés dont bénéficie le Maroc – qu’ils soient français, émiratis, israéliens ou américains – n’y changeront rien. Tous, mus par des intérêts économiques bien compris, se livrent à une course cynique pour s’assurer, le moment venu, la plus grande part des richesses sahraouies. Phosphates, pêche, ressources énergétiques. Le sous-sol et les eaux du Sahara Occidental attisent bien des convoitises, et les parrains de Rabat espèrent que le royaume vassal saura leur en garantir l’accès.
C’est dans cette logique que s’inscrit la tentative actuelle de contourner le Front Polisario. En proposant une négociation directe avec Alger, Rabat réédite, sous d’autres atours, la manœuvre initiée par Hassan II lorsqu’il avait suggéré à l’Algérie de se partager le territoire sahraoui. Proposition indécente hier, chimère aujourd’hui. Car l’Algérie, forte de ses principes et fidèle à son histoire, ne saurait cautionner un démembrement colonial d’un peuple frère dont elle soutient la cause depuis un demi-siècle.
Les Marocains savent pourtant que si l’Algérie nourrissait la moindre velléité territoriale, elle aurait, depuis longtemps, eu les moyens de l’assouvir. Ni le Sahara Occidental ni même certaines régions marocaines n’auraient alors échappé à son emprise, tant l’équilibre des forces lui serait favorable. Mais l’Algérie, héritière d’une Révolution libératrice exemplaire, ne s’est jamais engagée sur la voie de l’hégémonie. Son combat, depuis 1962, est d’un autre ordre : celui de la dignité, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et du refus de la domination sous toutes ses formes.
C’est d’ailleurs cette constance morale qui confère à la diplomatie algérienne sa crédibilité sur la scène internationale. A l’heure où le monde ferme les yeux sur le génocide perpétré à Gaza par l’Etat voyou d’Israël, l’Algérie demeure l’une des rares voix à dénoncer sans équivoque l’injustice et l’arbitraire. Dans un contexte où la force prime souvent sur le droit, elle rappelle que la solidarité avec les peuples opprimés n’est pas un slogan, mais un devoir historique.
«Rabat ferait bien de méditer cette leçon. Plutôt que de multiplier les diversions et les appels au dialogue biaisé, le Maroc gagnerait à se confronter à la réalité d’un conflit colonial qui ne saurait trouver d’issue sans le peuple sahraoui lui-même. Tant que le Front Polisario ne sera pas reconnu comme interlocuteur légitime, toute initiative diplomatique restera vaine», commente une source diplomatique algérienne sollicitée par Algeriepatriotique.
«L’Algérie continuera de défendre la légalité internationale, sans céder aux pièges tendus par ceux qui cherchent à la détourner de ses principes. C’est là sa force, et c’est ce qui, au fond, distingue une nation libre d’un royaume soumis à ses parrains», souligne notre source.
K. M.



