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Tahar Hadjar avait raison : le prix Nobel a-t-il encore de la valeur ? 

Une contribution d’Aziz Ghedia – Il rêvait du prix Nobel de la paix. Et il était sûr de lui, sûr de l’avoir, ce prix. C’est raté ! Peut-être l’année prochaine… Ou en posthume ?  Car, le gars est déjà âgé et commence à avoir des soucis de santé. De qui s’agit-il, pourraient me rétorquer les gens qui ne sont pas en phase avec l’actualité politique du monde ? Pourtant, c’est très facile à deviner : le président des Etats-Unis, Donald Trump.

Mais, n’étant personnellement ni politicien ni spécialiste en géopolitique, je me pose une question bête : comment pourrait-on lui discerner ce prix alors qu’il serait, peut-être, tout autant responsable que Benjamin Netanyahou dans le génocide du peuple palestinien (de Gaza) ? Il se targue d’avoir arrêté des guerres alors qu’en réalité ce serait lui qui entretiendrait le brasier en fournissant des armes aux belligérants. Du moins aux Ukrainiens et aux Israéliens. Pour ces derniers, en sus du soutien diplomatique inconditionnel au sein du Conseil de sécurité de l’ONU avec l’usage systématique du véto.

Deuxième question qui me vient encore à l’esprit : qu’a-t-il fait de bien depuis qu’il occupe la Maison-Blanche pour mériter le prix Nobel de la paix ? Il dit avoir mis fin à de nombreuses guerres et autres conflits à travers le monde. En tous les cas, les vraies guerres, celles qui durent depuis au moins deux ans et qui ont fait des milliers de morts, sont toujours actives. Que ce soit en Ukraine ou à Gaza, les canons tonnent toujours. Et les hommes meurent tous les jours. Et les armes en provenance du pays de l’Oncle Sam ou de l’OTAN (qui est toujours sous domination du même Oncle Sam) ne sont un secret pour personne.  

Autre question qui n’est pas de moindre importance : est-il venu à Charm El-Cheikh, en Egypte, pour signer la paix entre Israéliens et Palestiniens ou pour faire la promotion des armes fabriquées par le complexe militaro-industriel américain ? Habituellement, dans ses discours, il est toujours question de ventes d’armes, d’argent, de bénéfices. Tout ce qui intéresse Donald Trump est comment gagner plus d’argent et, de ce point de vue, on pourrait être indulgent envers lui et compréhensif car il est bien connu que «le nerf de la guerre, c’est l’argent».    

En 2018, notre ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, lors d’une conférence de presse, avait dit que «l’Algérie n’a pas besoin de prix Nobel». Il avait alors provoqué une polémique. Plus que ça, pendant plusieurs jours, il fut l’objet de risée et de moqueries de beaucoup de gens sur les réseaux sociaux. En effet, il est bien connu que c’est surtout dans l’anonymat de ces réseaux sociaux, en particulier sur Facebook, que les langues se délient et que la critique soit la plus véhémente. En fait, notre ministre avait soulevé le cas du Nobel en sciences et en technologies. Pas celui de la Paix. Pour lui, l’Université algérienne était au top, elle formait des cadres d’excellente facture dans tous les domaines et qu’elle n’avait donc rien à prouver. C’était ça, en gros, le sens de sa plaidoirie, si j’ose dire. 

Aujourd’hui, avec l’attribution de ce prix Nobel à Maria Corina Machado, une opposante au régime de Nicolas Maduro (Venezuela), on ne peut qu’être tout à fait d’accord avec les propos de notre ministre.

D’ailleurs, en apprenant cette nouvelle, Donald Trump lui-même a fait le reproche au comité d’avoir fait «passer la politique avant la paix».

Effectivement, un prix Nobel de la paix ou de toute autre discipline récompensée par cette auguste institution n’a, de nos jours, presqu’aucune valeur, sachant pertinemment que l’attribution relève beaucoup plus de considérations politiciennes que de la valeur intrinsèque de l’auteur qui en est l’heureux lauréat.

A. G.