Par M. Aït Amara – D’aucuns, prompts à juger sans discernement, arguent que l’Algérie aurait dû voter contre la résolution onusienne de ce vendredi, relative au Sahara Occidental. Une telle lecture, réductrice et dénuée de perspective, occulte pourtant les subtilités d’un texte dont la portée réelle échappe aux célébrations tapageuses orchestrées par les zélateurs du Makhzen. Sur les réseaux sociaux comme dans les officines de propagande à Rabat, ces derniers pavoisent et jubilent, convaincus d’avoir remporté une victoire diplomatique. En réalité, il n’en est rien.
La résolution, fruit d’une manœuvre franco-américaine soigneusement calibrée, ne consacre aucune avancée substantielle pour le Maroc. La clause qui y fut habilement glissée vise avant tout à maintenir le royaume chérifien dans le giron stratégique d’Israël, consolidant ainsi une alliance où la cause sahraouie n’est qu’un pion dans un échiquier géopolitique bien plus vaste. Derrière les apparences, c’est la continuité d’une politique de domination et de spoliation qui se joue. Celle de la captation des richesses des peuples marocain et sahraoui au profit d’oligarchies transnationales, installées aussi bien à Washington et à Paris qu’au cœur même du royaume.
Car au Maroc, rien ne semble pouvoir enrayer la rapine institutionnalisée par la famille régnante prédatrice qui a fait main basse sur l’héritage du royaume de Lyautey. Tandis que la population ploie sous les inégalités et les promesses sans lendemain, une poignée de courtisans s’enrichit des ressources sahariennes, transformant le discours sur l’intégrité territoriale en paravent commode pour la corruption et la vassalisation.
Quant à l’Algérie, son choix de ne pas voter contre la résolution relève de la cohérence diplomatique. En s’y opposant, elle aurait simultanément rejeté la prorogation du mandat de la Minurso, instrument pourtant essentiel à la reconnaissance du Sahara Occidental comme une question de décolonisation. Le maintien de cette mission, qu’on intègre ou non le plan d’autonomie marocain dans la résolution onusienne, confirme la persistance du droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même.
M. A.-A.


